Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Biologie antique

Quel est le rapport entre la mythologie et la biologie? Allons voir chez les Grecs si on y est! Ou plutôt venez par ici


L’Hydre cette créature mythologique qui existe vraiment (enfin presque)

Publié le 6 Janvier 2020, 18:18pm

L’Hyde de Lerne, un monstre mythique présumé immortel qui a donné son nom à une créature non moins fantastique mais bien réelle elle. Je vous en dis plus là-dessous.

 

Dessin tiré de : Abraham Trembley. Mémoires, pour servir à l'histoire d'un genre de polypes d'eau douce, à bras en forme de cornes. Leiden: Chez Jean and Herman Verbeek, 1744

Petit mais puissant.

L’Hydre dans la vraie vie, est un animal riquiqui : il ne mesure que quelques millimètres. Mais il possède des pouvoirs bien réels : considéré comme théoriquement immortel, il possède des capacités de régénération immenses.

Ce petit animal de la famille des Cnidaires, famille qui contient entre autres anémone de mer, méduses et coraux, est un « polype » d’eau douce. Il est donc de forme cylindrique, et possède une tête à l’une de ses extrémités. Cette tête est composée de « tentacules » et d’une sorte de bouche. Il va ainsi capturer de toutes petites proies, à l’aide de ses tentacules, et les amener en direction de sa bouche, pour les digérer dans son tube digestif. A son autre extrémité se trouve son « pied », qui peut lui permettre de se « fixer », aux grés de ses envies. C’est en 1740, que le naturaliste mathématicien, (ça ne s’invente pas), Abraham Tremblay découvre accidentellement les capacités de régénération de ce petit polype. En effet, voulant savoir si cette chose est une plante ou un animal, il la coupe en deux. En deux jours et à sa surprise, il observe la naissance de deux petits polypes issus de cette division : les deux moitiés de l’hydre se sont régénérées, pour donner naissance à deux nouveaux individus. Il envoie des spécimens à son collègue le très renommé naturaliste Réaumur, qui décide de baptiser la chose « Hydre ». Logique non ?

Héraclès (et Iolaos )combattant l'Hydre de Lerne, sur une amphore vers 540-530 av. J.-C, présentée au Louvre.

C’est quoi cette histoire ?

Logique oui, parce que l’Hydre mythologique ou l’Hydre de Lerne, est un monstre mythique dont on entend parler dans les 12 travaux d’Hercule. Hercule ou plutôt Héraclès c’est ce demi-dieu, fils de Zeus et d’Alcmène descendante de Persée, mariée à Amphitryon, petit-fils du même Persée (vous suivez toujours ?). Zeus, qui n’en est pas à sa première fourberie en matière de relation « amoureuse », décide de prendre l’aspect d’Amphitryon, parti guerroyer contre les Taphiens (une peuplade de pirates). En effet, la condition pour partager la couche d’Alcmène était de venger la mort de ses frères ; justement tués par les Taphiens. Zeus, en son absence, prend alors sa place auprès d’Alcmène, se ventant de ses talents guerriers. Voulant profiter au maximum de son forfait, il demande également au dieu du Soleil, Hélios, d’étendre la nuit qu’il passe avec Alcmène à 36 heures. Après avoir consommé leur union, Alcmène s’endort et Zeus s’évapore. De cette union interdite nait Héraclès (« la gloire d’Héra en grec) que Zeus choisit de nommer ainsi pour atténuer la fureur d’Héra qui en a marre d’être trompée par son mari. Zeus promet quand même à Alcmène que son fils sera roi de l’Argolide (région qui comporte des villes importantes, comme Argos, Mycènes et Tirynthe notamment). Mais allons droit au but, Héraclès donc, après de multiples aventures, notamment son déchaînement de violence sur ses propres enfants, qu’il tue sous le coup de la folie (folie probablement insufflée par Héra d’ailleurs), Héraclès donc, se retrouve au service d’Eurysthée pour expier ses fautes.

Eurysthée est le cousin germain d’Amphitryon et il naît avant lui, récupérant de ce fait et par son ascendance, les trônes de l’Argolide promis à Héraclès. Jaloux de sa réputation et de son ascendance Eurysthée va alors lui commander une série de tâches ingrates à effectuer, connues sous le nom des 12 travaux d’Hercule. Tuer l’Hydre de Lerne est le deuxième des travaux imposés. C’est un monstre aux multiples têtes, qui une fois tranchées repoussent spontanément…l’une d’elle étant immortelle ! ça ne vous rappelle pas quelque chose ?

Petite hydre verte

Mythe ou réalité ?

S’il est bien évident que Réaumur se base sur ce mythe pour nommer notre petit polype d’eau douce, les Grecs eux ne connaissaient probablement pas son existence. Pourtant, on retrouve une évolution intéressante dans l’iconographie du monstre à l’époque. En effet, sur les poteries les plus anciennes ou les descriptions écrites retrouvées, disons aux alentours de 580 avant J-C, le monstre est décrit comme un gros reptile, présentant des ramifications. Cinquante ou cent ans après, on le décrit comme une espèce d’animal avec un tronc commun et surmonté de multiples têtes de serpent. Description qui nous rapproche beaucoup de notre polype cylindrique surmonté de tentacules.

Une différence de taille (de plus !): pour tuer le monstre, Héraclès emploie le feu, et décapite la tête principale. Cependant, on sait que la décapitation de notre polype d’eau douce, résulte en deux polypes parfaitement vivants ! De plus des recherches récentes, montrent en fait que l’apoptose (du grec « apo » au loin, ptosis « chute »), qui est un type de mort cellulaire, est nécessaire à la régénération de la tête. Il suffit même d’induire la mort cellulaire, au niveau du pied amputé pour provoquer une régénération d'une tête plutôt que d'un pied. Et ses capacités vont même plus loin : si, expérimentalement, les cellules du polype sont dissociées puis ré-agrégées, un nouveau polype bien vivant se reconstitue !  Cette fois-ci c’est bien la réalité qui dépasse la fiction…

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents