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Biologie antique

Quel est le rapport entre la mythologie et la biologie? Allons voir chez les Grecs si on y est! Ou plutôt venez par ici


Echidné et Echidna, tchachacha

Publié par Biologiste Antique sur 3 Octobre 2021, 20:49pm

Un mammifère qui pond des œufs comme un reptile ? L’ornithorynque vous me dites ? Eh bien non, aujourd’hui on parle de l’échidné, un peu plus piquant que ce dernier !

Non non ce n'est pas un hérisson ! Mais un échidné à nez court ou Tachyglossus aculeatus  Short-beaked Echidna, Tasmania. I, KeresH, CC BY-SA 3.0 <http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/>, via Wikimedia Commons

Non non ce n'est pas un hérisson ! Mais un échidné à nez court ou Tachyglossus aculeatus Short-beaked Echidna, Tasmania. I, KeresH, CC BY-SA 3.0 <http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/>, via Wikimedia Commons

Notre ancêtre; ce pondeur d’œufs.

Les échidnés (du latin echidna, du grec ancien ἔχιδνα / ékhidna, « vipère ») sont des mammifères appartenant à l'ordre des monotrèmes, comme les ornithorynques. La classe des mammifères est divisée en deux : les thériens (non pas les Terriens, mais bien les thériens, constitué des marsupiaux et mammifères à placenta qui ne pondent pas d’œufs) et les monotrèmes. Selon les études scientifiques actuelles, l’oviparité (le fait de pondre des œufs) serait en fait, un caractère ancestral des mammifères, qui aurait été perdu au cours de l’évolution. C’est ce qu’on appelle en biologie de l’évolution : la plésiomorphie. Bref, tout ça pour vous dire : pondre des œufs pour un mammifère, eh bien c’était la base avant ! Vous voyez bien donc, que l’échidné, notre héros du jour, n’est pas complètement sorti de nulle part au regard de l’histoire évolutive. Pour autant, il présente d'autres particularités comme un pénis à quatre têtes. Oui, oui, j’y viens, mais tout d’abord focus sur son petit nom qu’il porte très bien.

La mère de tous les monstres.

Echidné doit son petit nom, à Echidna : un monstre mythologique, moitié femme moitié serpent (les serpents qui pondent des œufs d’ailleurs, vous suivez ?). Selon Apollodore, elle serait la fille du Tartare et de Gaia, la Terre, des Titans, ce qui fait de son amant Typhon (« le plus terrible et impétueux des vents »), son frère (d’où les descendants à plusieurs têtes). Typhon lui donna plusieurs enfants : notamment la Chimère (ici pour en savoir plus), le Sphinx, Cerbère (le chien gardien des Enfers), l’Hydre de Lerne (un champion de la régénération à découvrir ici). Elle serait également la mère du redoutable aigle qui dévore le foie de notre héros Prométhée. Plus glauque, Echidna aurait un jour dérobé les chevaux d’Héraclès (Hercule) et pour les rendre lui aurait demandé de concevoir un enfant. De cette union forcée, naquirent Agathyrsos, Gelonos et Scythès, tous les trois pères, selon la légende de diverses nations gréco-scythes (implantés dans la région au nord de la Mer Noire). Maintenant que nous connaissons mieux sa mère légendaire, revenons au petit monstre qui nous intéresse.

Sculpture d'Echidna, la mère de tous les monstres, dans les jardins de Bomarzo. Gabriele Delhey

Sculpture d'Echidna, la mère de tous les monstres, dans les jardins de Bomarzo. Gabriele Delhey

Un petit monstre à préserver ?

Notre échidné ressemble à un petit hérisson mais n’est pas du tout apparenté à ceux-ci (vous n’avez jamais vu un hérisson pondre des œufs, n’est-ce pas ?). Il existe quatre espèces d’échidnés, qui vivent en Australie et en Nouvelle-Guinée. Contrairement à ce côté-ci de la planète, cet animal est plutôt commun là-bas et participe de manière active au bon fonctionnement de l’écosystème. En effet, il est insectivore, et possède une bouche sans dents et une langue « collante » qui lui permet de se nourrir habilement de termites et de fourmis. Mais surtout il passe près de 12% de son temps à creuser selon une étude (à lire pour les anglophones ici). Ce comportement aide à préserver les sols, et à rendre disponible certains nutriments pour la faune et la flore qui en bénéficient.

En plus d'être utile à son écosystème, il possède d’autres particularités amusantes... oui vous l’attendiez, les animaux mâles appartenant aux monotrèmes ont un pénis bifide, c’est-à-dire un pénis à deux têtes. L’échidné à nez court d’Australie, ou Tachyglossus aculeatus, fait doublement mieux ! Il possède un pénis à quatre têtes ! Les chercheurs à l’origine de cette observation ont montré que les têtes fonctionnent de manière alternée deux par deux, et qu'il ne s’en sert pas pour uriner, mais uniquement pour répandre son sperme. La femelle quant à elle ne possède qu’un seul « trou » qui possède toutes les fonctions excrétoires. C’est-à-dire que non seulement, passent par-là urine et déjections mais en plus que cet orifice sert également de vagin.

Encore une surprise : cet animal, est  un homéotherme imparfait. Les mammifères sont normalement homéothermes c’est-à-dire qu’ils maintiennent leur corps à une température constante (vous et moi à 37°C). La température des échidnés peut varier de quelques degrés en fonction des conditions extérieures, ce qui va les rendre particulièrement lents quand il fera très chaud ou très froid. A votre avis, quels autres animaux sont poïkilothermes (dont la température varie avec la température extérieure) ? Les serpents pardi ! Décidément, l’échidné, avec sa bouille de hérisson, est le digne héritier d’Echidna, mi-femme mi-serpent ! Raison de plus pour préserver cet animal, dont certaines espèces comme Zaglossus attenboroughi (nommé en l’honneur du célèbre naturaliste britannique Sir David Attenborough) sont en danger critique d’extinction…

REFERENCES :

https://mythologica.fr/grec/echidna.htm

https://www.greekmyths-interpretation.com/genese-mythologie-grecque-interpretation/typhon-echidna-mythologie-grecque-interpretation/

https://www.histoire-et-civilisations-anciennes.com/echidna-mere-des-monstres-de-la-mythologie-grecque/

Apollodore, Bibliothèque  (II, 1, 2 ; II, 3, 1 ; II, 5, 11).

Hésiode, Théogonie  (v. 295).

https://www.karger.com/Article/Abstract/515145

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11420613/

 

http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=794

https://www.cambridge.org/core/journals/oryx/article/survival-of-attenboroughs-longbeaked-echidna-zaglossus-attenboroughi-in-new-guinea/210C8830AF08C7EBFFAB9F786B9344AD

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